Mardi à Korhogo, lors des huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique des Nations, le Mali a pris le dessus sur le Burkina Faso avec un score de 2-1. Les Aigles se qualifient ainsi pour les quarts de finale, où ils affronteront la Côte d’Ivoire. Les Étalons, qui étaient demi-finalistes en 2022, sont éliminés de la compétition. Cependant, ce n’est pas l’élimination qui est la plus décevante, mais le niveau de jeu affiché par Bertrand Traoré et ses coéquipiers, qui devient préoccupant.
Dans ce derby ouest africain, le Burkina Faso ne s’est pas montré à la hauteur. La faute peut-être à une équipe de Mali qui est arrivé à maturité avec des milieux de terrain de haut niveau. Mais les Étalons, qui ont semblé très moyens, ont mis en évidence toutes leurs faiblesses durant cette CAN.
Le Mali trop fort pour le Burkina Faso
Dans ce derby, Eric Chelle a mis en place un 4-3-1-2 avec Kamory Doumbia derrière les attaquants Lassine Sinayoko et Adama Traoré. De son côté, Hubert Velud met en place un 4-3-3 avec le retour de Blati Touré au milieu de terrain. Dès le début de la rencontre, les maliens ont montré leur volonté de partir en attaque avec une formation qui est passée en 4-3-3 avec un milieu qui joue plus haut. Très vite, Hamari Traoré surprend la défense avec son centre qui oblige Edmond Tapsoba a trompé son propre gardien, alors qu’une tête puissante d’Amadou Haidara repoussée par le poteau créait une agitation dans la surface. En marquant tôt dans le jeu, le Mali a commencé à peser dans la rencontre profitant de son avantage tactique. Menés, les Burkinabè étaient obligés de passer au pressing pour remettre les pendules à l’heure. Une bonne idée certes, mais cela ouvre les espaces aux maliens qui vont contrer le pressing pour servir Doumbia qui se balade entre les lignes.
Pour s’opposer au bloc défensif burkinabé, le Mali multiplie les rotations et les combinaisons dans les espaces libres. Une méthode qui a fait saigner le Burkina tout au long de la rencontre d’où le but de Sinayoko parti sur une bonne relance et un parfait enchaînement. La tactique de Chelle était claire : jouer au milieu de terrain en pressant en nombre l’adversaire. Cela a plutôt marché car les maliens ont récupéré énormément de ballon et remporté beaucoup de duels. Face à cette menace, les Etalons n’avaient plus d’autre choix que de jouer sur les ailes et centrer. Ce qui ramène à cette faute de main de Boubacar Kouyaté. Le score est réduit, il est encore possible d’égaliser mais le Mali en baisse de rythme, a survécu au temps fort burkinabè en toute fin de match. Conclusion : le Burkina Faso est éliminé de la compétition. Il a essayé de se battre avec ses armes mais n’a pas réussi à élever le niveau collectivement.
Le Burkina Faso n’est plus le même
Il est essentiel, voire crucial, de souligner que le Burkina Faso a considérablement régressé depuis sa brillante performance au Cameroun en 2022. On parle en occurrence d’intensité de jeu et de style proposé par cette génération qui a fini quatrième de cette CAN. Cette observation laisse à penser que l’équipe actuelle des Étalons est moins solide que les précédentes. Cette théorie s’est confirmée lors des matchs face à la Mauritanie et à l’Angola, où l’équipe a paru méconnaissable. La perte de vitesse et de talent ont été particulièrement apparents d’une part. Et la capacité d’accélération et de percussion face à des blocs regroupés a clairement fait défaut d’autre part. Seuls Bertrand Traoré et Blati Touré ont semblé constituer une alternative crédible dans ce registre.
En revanche, Mohamed Konaté, malgré son but face à l’Algérie, a été largement transparent. De même, la performance de Stéphane Aziz Ki a manqué de tranchant. Bien que le milieu de terrain soit de loin l’Étalon le plus utile dans cette campagne, sa contribution est loin d’être pleinement satisfaisante. On pourrait élargir la liste des joueurs en incluant Cédric Badolo et bien d’autres, mais depuis l’époque de Kamou Malo, le Burkina Faso n’a plus retrouvé son niveau antérieur. La prestation contre l’Algérie ne fait que mettre en lumière une réalité plus large. Cela s’explique évidemment par le style de jeu imposé par les Fennecs. Cependant, face à des équipes qui sont largement à leur portée, les Etalons exposent toutes leurs lacunes. Que ce soit face au Cap Vert ou à l’Eswatini en éliminatoires, contre l’Iran en match amical, la tendance reste la même, comme en témoignent leurs trois victoires lors de leurs neuf derniers matchs avant la CAN.