Ces deux dernières années ressemblent à un conte de fées pour le gardien international argentin. Champion d’Amérique avec l’Argentine, « Dibu » est également devenu champion du monde avec l’Albiceleste en fin d’année 2022. Grâce à son rôle prépondérant dans ce sacre, il a reçu ce lundi, le trophée de meilleur gardien aux trophées FIFA The BEST. La consécration pour un gardien au parcours atypique, pour lequel la vie n’a pas toujours été rose.

L’image que le grand public a d’Emiliano Martinez, c’est celle d’une « g**ce », d’un provocateur, celui que les adversaires détestent. Ce qui lui vaut des critiques, notamment dans les médias, surtout après la Coupe du Monde 2022. Cependant, derrière ce joueur « méchant » comme cela peut laisser croire, se cache une âme sensible. Autant le joueur est « maléfique », autant l’humain est « magnifique ».

Une enfance triste 

L’enfance de Dibu ressemble à celle de beaucoup de jeunes venant de quartiers pauvres. Le gardien de but naît et grandit dans les bidonvilles de Mar Del Plata, une province de Buenos Aires en Argentine. Il est issu d’une famille prolétaire. Autrement dit, ses parents étaient extrêmement pauvres. Les problèmes sur le plan financier étaient assez récurrents. En témoigne, ses propos avec émotions à The Independente en octobre 2020 : « Tous ces moments difficiles, ce que j’ai subi, voir mon père pleurer parce que nous ne pouvions pas payer les factures […] Je ne pouvais pas laisser ma famille souffrir comme ça pour le reste de sa vie. Alors quand j’y repense maintenant, c’est une belle chose » comme il l’a souvent martelé, il n’avait pas gardé de moments joyeux de son enfance, pour cause il a grandi dans le manque, dans la misère. Déterminé à faire sortir sa famille de la galère, le jeune Dibu comme la plupart des pauvres sud-américains s’adonne au foot pour mettre la famille à l’abri. Son histoire peut faire penser sur certains aspects à celle de son illustre aîné, l’attaquant argentin Carlos Tevez. Martinez se fait former en Argentine où il joue par la suite pour le CA Independiente de 2008-2010.

Des débuts difficiles à Arsenal FC

Débarqué chez les Gunners à l’âge de 17 ans, il va être conduit en équipe réserve et par la suite être prêté à Oxford United lors des derniers matchs de la saison 2011-2012. Lors de la saison suivante, il est prêté à Sheffield Wednesday en deuxième division anglaise. Il y joue 15 toutes compétitions confondues, dont 11 en championnat. Lors de la saison 2014-2015, il obtient ses premières minutes dans l’élite anglaise et en Ligue des champions, profitant de l’indisponibilité des deux premiers gardiens d’Arsenal, Wojciech Szczęsny et David Ospina. Après le retour de ces derniers, l’Argentin est de nouveau cantonné au poste de numéro trois et est de nouveau prêté en fin de saison en deuxième division, à Rotherham United. Il est de nouveau prêté la saison suivante à Wolverhampton Wanderers en Championship. Toujours pour acquérir un peu plus d’expérience et avoir un temps de jeu conséquent, il est prêté au club espagnol Getafe où il ne joue que 7 petits matchs.

Lors de la saison 2018-2019, Martinez de retour de son aventure en Espagne est de nouveau troisième dans la hiérarchie des portiers d’Arsenal. Cette fois-ci, il se retrouve derrière Petr Cech et Bernd Leno. Pas du tout utilisé, le gardien de but argentin est prêté six mois au Reading FC.

De retour de son prêt, il va profiter de la blessure de Bernd Leno, le gardien titulaire pour s’illustrer de fort belle manière à chacune de ses sorties. Il participe ainsi à 23 matchs avec Arsenal et remporte la Coupe d’Angleterre face à Chelsea (2-1). Propulsé d’entrée en début de saison suivante comme titulaire dans les cages en Community shield, il sera le grand artisan du succès en finale face à Liverpool (1-1,5-4 aux TAB). De belles performances qui lui valurent son transfert à Aston Villa le 16 septembre 2020. En huit saisons, il n’aura disputé que 39 matchs avec les Gunners.

De gardien remplaçant à gardien de classe mondiale

Longtemps remplaçant à Arsenal, Emiliano Martinez débarque ainsi chez les Villans, pour quatre saisons dans la peau d’un titulaire indiscutable. DIbu joue toutes les 38 rencontres de Premier League en gardant sa cage inviolée à 15 reprises. Un record pour le club, à égalité avec Brad Friedel. Au terme de la saison, il est élu meilleur joueur d’Aston Villa par les supporters. L’Argentin ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Titulaire lors de la Copa América 2021 disputée au Brésil, il est en partie celui qui a porté son équipe vers sa première Coupe continentale après 28 ans de disette. On se rappelle de sa prestation en demi-finale face à la Colombie aux tirs au but après un match nul (1-1). Il repoussera les tentatives de Davinson Sanchez, Yerry Mina et Edwin Cardona, permettant ainsi à son équipe d’accéder à la finale de la compétition. Une finale remportée par l’Albiceleste, portée à nouveau par Emi Martinez qui a su conserver l’avantage (1-0) de son équipe face au Brésila  Habitué à chambrer ses adversaires à chaque fois qu’il en a l’occasion, le portier surprend son monde en finale. Très ému au terme de la rencontre, le portier fond en larmes. Il est élu meilleur gardien du tournoi. Il récidive à la Coupe du Monde 2022 au Qatar en multipliant les belles prestations. Ce qui permet à Leo Messi et les siens de remporter le trophée face à la championne en titre, la France, au terme d’un match épique (3-3, 4-2 ap.TAB). L’Argentine ajoute ainsi une deuxième étoile à son maillot après celle du Mondial 1986. Ce lundi 27 février 2023 à la salle Pleyel de Paris, la FIFA a récompensé les meilleurs footballeurs et footballeuses à travers 7 distinctions. Auréolé d’une très belle saison 2021-2022, Emiliano Martinez a remporté le trophée de Meilleur Gardien devant le marocain Yassine Bounou et le Belge Thibaut Courtois.