Il ne fait aucun doute que c’est encore un club de l’Afrique du Nord qui remportera à nouveau la CAF Champions League et la Coupe de la Confédération. Sur la dernière décennie, la domination est effective mais ça fait bien longtemps que cela dure. Seules les équipes du TP Mazembe en 2015 et des Mamelodi Sundowns en 2016 ont réussi à s’immiscer dans cette hégémonie. Et depuis, la domination du Nord sur le reste du continent est de plus en plus grandissante.
La Renaissance Sportive de Berkane a pris un avantage significatif (2-1) lors de la première manche de la finale de la Coupe de la Confédération contre le Zamalek ce dimanche. En cas de succès lors du match retour, le club marocain décrochera ainsi son troisième titre en quatre ans. Ce nouveau trophée irait ainsi rejoindre les précédents acquis par des clubs du Maroc, renforçant ainsi la présence dominante du pays dans le football continental, notamment dans la région du Nord de l’Afrique. Cependant, une observation inquiétante émerge : un autre pays d’Afrique du Nord s’apprête à remporter la Ligue des champions de la CAF. Cette suprématie commence à soulever des questions et des préoccupations.
Les chiffres parlent d’eux même
L’analyse de la domination des clubs de l’Afrique du Nord dans les compétitions de la Confédération africaine de football (CAF) révèle un schéma de succès remarquable. Les clubs provenant de quatre pays de la région, à savoir l’Algérie, l’Égypte, le Maroc et la Tunisie, ont cumulé un total impressionnant de 35 trophées de la Ligue des Champions, par rapport aux 24 titres remportés par les clubs des autres sous-régions africaines. L’Égypte se distingue particulièrement dans ce panorama, avec ses clubs totalisant 17 victoires au sein de la Ligue des Champions de la CAF. Al-Ahly, un mastodonte égyptien, a contribué largement à ce bilan avec 11 titres, suivis de près par Zamalek avec 5 trophées, et Ismaily avec 1. Les Marocains viennent ensuite avec 7 couronnes, réparties entre le Raja de Casablanca (3 titres), le Wydad (3 titres) et l’AS FAR (1 titre). Les Tunisiens ont également marqué leur empreinte avec 4 victoires, grâce à l’Espérance (4 titres), le Club Africain (1 titre) et l’ES Sahel (1 titre), tandis que les Algériens ont contribué avec 5 titres, partagés entre l’ES Sétif (2 titres), la JS Kabylie (2 titres) et le MC Alger (1 titre).
Dans la Coupe de la Confédération, compétition lancée en 2004 pour succéder à la défunte Coupe de la CAF, la tendance à la domination des clubs de l’Afrique du Nord est tout aussi frappante. La prochaine confrontation entre la Renaissance Berkane et le Zamalek pourrait aboutir à la 7e victoire consécutive d’un club de la région dans cette compétition. Cette série de succès illustre la forte présence et la compétitivité des clubs nord-africains dans le paysage footballistique continental. Et pourtant, tout avait bien commencé pour les clubs de l’Afrique subsaharienne. Entre 1965 et 1982, ils avaient remporté 15 titres sur 19 mais depuis 1984, c’est seulement 9 titres remportés sur 40 disputés. En Coupe de la Confédération, c’est seulement 5 titres sur 20 qui ont échappé aux clubs de l’Afrique du Nord depuis 2004. Qu’est-ce qui explique donc ce fossé creusé au fil des années entre le Nord et le Sud ?
Pas de la même classe
« On ne boxe pas dans la même catégorie ». Ce sont les mots de Florent Ibenge, ancien coach de l’AS Vita Club sur Canal Africa Club lorsqu’il évoquait la différence entre les clubs du Nord et du Sud. Ayant entraîné dans les deux régions de l’Afrique, le technicien congolais sait mieux que quiconque le véritable problème qui pèse sur les clubs du Sud. Pour lui, s’il avait la moitié des moyens des clubs maghrébins à AS Vita Club, il aurait été champion sur plusieurs années. Faut-il le préciser, même avec les moyens précaire il était finaliste en Coupe de la Confédération avec le club congolais en 2018. En résumé, le football, c’est surtout une question de moyen. Même en Europe, les clubs qui s’illustrent le plus sont ceux qui ont de plus grands budgets. Et en Afrique, les clubs de l’Afrique du Nord bénéficient souvent de budgets plus importants que ceux des autres régions du continent. Ces ressources financières supplémentaires leur permettent d’investir dans le recrutement de joueurs de qualité, dans le développement de l’académie de jeunes talents, ainsi que dans des infrastructures modernes et bien équipées. Ces avantages financiers leur donnent un avantage compétitif lors des compétitions continentales.
De même, ces mêmes clubs ont souvent accès à des moyens de travail et des infrastructures plus développés. Ils disposent de centres d’entraînement de haut niveau, dotés des dernières technologies, ce qui leur permet d’offrir des conditions optimales à leurs joueurs pour se préparer aux matchs. Ces installations modernes contribuent à améliorer la performance des équipes et à les maintenir au plus haut niveau de compétition. Par ailleurs, la qualité de la formation des joueurs dans les clubs de l’Afrique du Nord est un élément déterminant de leur succès. Ces clubs accordent une grande importance au développement des jeunes talents dès leur plus jeune âge. Ils mettent en place des programmes de formation structurés et bien encadrés, permettant aux joueurs de développer leurs compétences techniques, tactiques et physiques. Cette approche de formation rigoureuse leur permet de produire des joueurs de haut niveau, capables de rivaliser avec les meilleurs au niveau continental.
La domination des clubs de l’Afrique du Nord dans les compétitions de la CAF s’explique par leur avantage financier, leurs moyens de travail et infrastructures développés, ainsi que par la qualité de leur formation des joueurs. Ces facteurs combinés leur permettent de maintenir un niveau de performance élevé et de remporter régulièrement des titres continentaux. Une formule toute trouvée pour espérer voir le Sud émerger à nouveau surtout avec la renaissance du TP Mazembe et l’ascension de l’ASEC Mimosas.