Il a tout perdu. Horoya AC a connu une déchéance vertigineuse en l’espace de quelques mois. Il n’a pas su rééditer sa performance pour poursuivre son hégémonie dans le championnat guinéen. Pire, le club de Matam a vécu une saison vierge de tout titre. Mais, que s’est-il passé au juste ?
Les saisons se suivent et ne se ressemblent pas pour Horoya. Vainqueurs de la Ligue et de la Coupe la saison dernière, les Rouges et Blancs de Matam avaient le flair d’un éternel leader. Cette année, ils n’auront aucun trophée à ranger dans leur armoire. Une misère pour un club habitué, depuis huit ans, à truster les titres. Mais, ce qui doit surtout rester en travers de la gorge des coéquipiers de Moussa Camara, c’est l’échec en championnat et l’élimination en Coupe de la Ligue et en CAF Champions League.
Des performances irrégulières
Rien ne laissait pourtant apparaître une telle déconvenue. Sur la lancée d’une saison 2022-2023 exceptionnelle, l’effectif d’Horoya n’a connu que très peu de changements. La faute à une sanction de la FIFA interdisant au club de recruter pendant deux saisons dans l’affaire Gnagna Barry. La première défaite de la saison contre Renaissance (1-0) était le premier signe d’une longue descente aux enfers. S’en est suivi une large défaite (7-0) subie face à Simba SC et des échecs à répétition en CAF Champions League. Mais, le HAC se remet immédiatement de ses désillusions et conforte sa place de leader en championnat. Malheureusement, le Hafia lui arrache le fauteuil lors de la 24e journée, à deux journées de la fin.
En Coupe d’Afrique, Horoya n’a pas atteint les quarts de finale en terminant troisième de son groupe avec sept points. Cette saison, les Rouges et Blancs ont pris la mauvaise habitude de manquer les grands rendez-vous. Illustration faite lors de la double confrontation contre le Raja Casablanca. Que dire de leur élimination en demi-finale de la Coupe de la Ligue par l’ASM Sangaredi à l’issue des tirs au but (0-0, 5-4 tab). C’est donc la fin de cycle d’une très longue domination du Horoya qui date de 2015. Le ressort est cassé et les joueurs boivent le calice jusqu’à la lie en laissant échapper le titre national. La faute à un invité surprise.
Hafia FC, le fauteur de trouble
Si Horoya AC n’est pas champion de la Guinée, c’est parce qu’il a passé le flambeau à une vieille connaissance : Hafia FC. C’est la plus belle des sensations cette saison en Guinée : le retour des Verts et Blancs de Dixinn au sommet du football guinéen après 38 ans de disette. C’est un exploit retentissant que le club a réalisé pour voler la vedette à Horoya. Le premier triple champion de Guinée a réalisé une saison de haute volée en engrangeant 50 points, soit un de plus que le HAC. À cet effet, il est bien clair que Hafia et Horoya ont été meilleurs tout au long de la saison. Ils comptent le même nombre de victoires (15). Sauf que le club dirigé par le Polonais Casimir Jagiello l’a été plus. Le premier élément à prendre en compte, c’est la confrontation directe entre les deux formations qui a été le véritable tournant de la saison.
En aller et retour, l’avantage revient au club de Dixinn. Hafia FC a surpassé toutes les attentes pour enregistrer sa première victoire contre Horoya après cinq matchs, soit deux saisons. Une victoire de prestige qui en réalité lui a offert le titre de champion. Ce sacre tant attendu est le dix-septième (17) titre de champion pour le club de Dixinn. La rédemption d’un club qui n’avait plus joué les premières places depuis la saison 2018-2019 avec une glorieuse 2e place. Le club présidé par Kerfalla Camara « KPC » se rapproche maintenant du Horoya AC avec ses vingt (20) titres de champion.
La fin d’une ère
Une saison sans trophée fait plus mal qu’une défaite. Il serait inutile de décrire la colère noire des supporters d’Horoya. Cet échec s’explique par des raisons intra et extra sportives. Privé de buteur et de recrutement, Horoya s’est complètement effondré. Cette saison aura marqué la baisse de forme des cadres du HAC. D’autres sont partis sans être remplacés. Le coup fatal a été la perte de Gnagna Barry, son attaquant vedette, suspendu pour quatre mois par la FIFA. C’était dans le cadre de son transfert avorté à Quevilly Rouen. En même temps, le départ du technicien sénégalais Lamine Ndiaye en milieu de saison a confirmé les difficultés que rencontre le club de Matam. Cela n’a rendu service à personne. L’arrivée de Kanfory Lappé Bangoura n’aura été qu’une couverture. Cependant, la déchéance d’Horoya est aussi due à un problème d’ordre financier.
Depuis le rachat du club en 2012 par l’homme d’affaires Mamadou Antonio Souaré, le Horoya AC n’a jamais autant vacillé. Après les départs de cadres comme Morlaye Sylla (Arouca, D1 portugaise) et Boniface Haba (Olympique Safi, D1 marocaine) notamment, le club misait sur les jeunes joueurs issus de son académie. Force est de constater que depuis lors, le club traverse une crise financière sans précédent. Les joueurs sont restés sans salaire pendant des mois. Conséquence : l’académie a fermé ses portes.
« Un rajeunissement de l’effectif s’impose. Des joueurs sont depuis quelques saisons en deçà des attentes. Des cadres qui tenaient l’équipe ne répondent plus aux exigences du haut niveau. À cette situation se greffe une crise financière. Les joueurs ne sont plus payés depuis quelques mois. Et, avec l’interdiction de recrutement infligée par la FIFA, la situation s’annonce compliquée. À défaut de trouver des capitaux, le club risque de vivre une situation difficile prochainement » reconnaît le journaliste sportif Mahmoud Nani selon les propos rapportés par Sports News Africa. À cet effet, l’avenir reste incertain chez l’octuple champion de Guinée 2014-2022. Avec un recrutement non autorisé et un effectif vieillissant, c’est sans l’ombre d’un doute la fin d’une ère.