Nous y sommes ! C’est le jour J. Le coup d’envoi du premier match de l’Euro sera donné ce vendredi. Les Allemands hôtes ouvriront contre l’Écosse dans le groupe A à l’Allianz Arena de Munich. Il s’agit du seul match de vendredi avant que le tournoi n’atteigne une cadence de trois matchs par jour pour les trois prochains jours. L’Allemagne est largement favorite pour gagner à domicile mais la Mannschaft n’est pas infaillible qu’il n’y paraît.
L’arrivée de Julian Nagelsmann, en septembre 2023, a donné un nouveau souffle à la Mannschaft, qui veut redevenir une équipe de tournois. En perte de vitesse, en perte de ferveur et en perte d’identité, cette équipe qui manquait encore de relève présente encore des défauts qui vont nuire à sa campagne.
Pas d’assurance
Si elle ne s’était pas qualifiée en tant qu’hôte, l’Allemagne n’aurait peut-être pas participé à ce tournoi. Selon leurs normes, 2023 a été désastreuse six défaites sur leurs 11 matchs, dont trois défaites consécutives pour la première fois depuis 1985. Il s’agit du plus grand nombre de défaites sur une année civile depuis 2018 et aussi du plus grand nombre de buts encaissés (22) depuis 2012. De mauvais records à battre à tout moment, surtout dans une année sans tournoi majeur et avec la preuve que les problèmes que nous avons vus lors de leur 2022. La sortie de la phase de groupes de la Coupe du monde n’a pas été totalement résolue. Certes, l’équipe présente un groupe des plus talentueux et offensifs mais elle laisse entrevoir une faiblesse.
En mars dernier, la Mannschaft a fait le plein de confiance en battant respectivement la France et les Pays-Bas. Cependant, l’équipe a tellement subi que ces deux victoires a été rendue possible par le manque de réalisme des adversaires. L’Allemagne a montré contre la France et les Pays-Bas, leurs autres adversaires de mars, qu’ils pouvaient perturber la construction de jeu des meilleures équipes d’Europe. Cependant, lorsqu’ils sont dépassés, leur ligne arrière est exposée, les défenseurs centraux sont écartés et les milieux de terrain adverses peuvent exploiter l’espace derrière les latéraux allemands.
De même, en préparation, Kroos and co ont failli ne pas gagner un match si ce n’est le but de Gross en toute fin de rencontre face à la Grèce. Bien avant, ils avaient fait un nul et vierge avec l’Ukraine. Et il ne faut pas oublier la période où Nagelsmann s’est marché dessus en encensant Kai Havertz lors des défaites contre la Turquie et l’Autriche puis en le retirant lorsque le besoin de leader se faisait ressentir. Une mauvaise décision ou une erreur de jugement de l’entraîneur dans ce tournoi pourrait coûter cher à cette équipe.
Le quiz Musiala – Wirtz et la finition
L’une des forces de cette équipe d’Allemagne, c’est la puissance dont elle dispose de par ses individualités. Avec une constellation de joueurs comme Kroos, Gundogan, Wirtz, Musiala, Andrich au milieu de terrain, l’Allemagne n’a rien à envier aux autres. Nagelsmann a expérimenté divers systèmes. Il a commencé avec un 4-4-2 serré, suivi d’un 4-2-3-1 avec un pur numéro 9, qui est passé à une défense à trois avec Kai Havertz en tant qu’arrière latéral, et a fini par s’installer sur un 4-2-3-1 avec Havertz en faux neuf. De manière audacieuse, l’attaque est structurée autour de deux jeunes de 21 ans, Jamal Musiala et Florian Wirtz des numéros 10 serrés qui jouent de chaque côté du capitaine Ilkay Gundogan. Ce trio a la liberté de se déplacer et de tourner. Ils pressent agressivement, verrouillant les adversaires en un contre un sur les côtés.
Le 4-2-3-1 tend à se transformer en 4-4-2, leur permettant de marquer et de couvrir les milieux centraux adverses avant de sortir, bien qu’ils prennent des risques en poussant les latéraux haut pour presser les latéraux adverses. Compte tenu du peu de temps passé par Nagelsmann à la tête de l’équipe, cela est bien coordonné. C’est ainsi que les Allemands sont restés invaincus sur leurs quatre derniers matchs avant l’Euro. Sauf que l’Allemagne a été l’équipe la plus inefficace de la Coupe du monde il y a 18 mois et une bonne partie de l’année 2023. Havertz convient au style de passe mais a été un finisseur inefficace ces dernières saisons, tandis que les options de buteurs de Nagelsmann ont des profils d’attaquants en pointe et d’homme-cible. Il s’agit de Niclas Fullkrug (11 buts) Deniz Undav (18 buts) et Maximilian Beier (16 buts), trois des cinq meilleurs buteurs allemands dans les cinq grands championnats européens en 2023-24.
Seul problème : Nagelsmann n’a expérimenté que Havertz en pointe avant le tournoi. Même si l’Allemagne a inscrit 6 buts sur l’ensemble de ses quatre dernières sorties, elle manque toujours de réalisme. Un problème dû peut-être au fait d’aligner deux numéros 10 : Wirtz – Musiala et un Gundogan qui ne retrouve pas ses repères en ce moment.
Une obligation de performer
« Le football est un sport qui se joue à onze contre onze, et à la fin, c’est l’Allemagne qui gagne. » L’expression vantant la suprématie du football allemand et sa domination d’un rouleau compresseur semble aujourd’hui bien lointaine. Jugé trop arrogant et irrespectueux envers les adversaires, ce terme a été retiré. Quand on voit les résultats depuis 2016, on peut se dire aussi qu’il n’est plus vraiment d’actualité. Notons tout de même le parcours à l’Euro 2016 avec une défaite en demi-finale contre la France (2-0) qui n’avait rien de honteux, l’équipe alors coachée par Joachim Löw avait bien réagi en remportant la toute dernière Coupe des Confédérations en 2017 face au Chili (1-0). Depuis, cela ressemble à une lente agonie.
Mais cette nouvelle génération a de quoi se révolter pour changer le cours de l’histoire. Et ils ont tous les arguments qu’il faut. Un tournoi qu’il organise avec un public largement à leur portée. La Côte d’Ivoire a su profiter de cet avantage à la CAN en début d’année. Pourquoi pas l’Allemagne ? Remporter une coupe à domicile, c’est bien. Mais c’est encore mieux de le faire en guise de « Bonne retraite » à Toni Kroos.