Plusieurs joueurs ont marqué l’histoire de la Coupe d’Afrique des Nations. Parmi eux, beaucoup étaient ou sont devenus par la suite des légendes du football africain. Mais au milieu de cette constellation d’étoiles, des joueurs aux parcours atypiques ont su écrire une partie des belles pages de l’histoire de la compétition. Des joueurs comme Iban Edu et Emilio Nsue, présents depuis l’édition 2012, en sont des exemples palpables. C’est surtout eux qui ont inspiré ce sujet. Hommage à ces joueurs qu’on ne voit qu’à l’occasion de la CAN, mais qui ne déçoivent jamais.
Certains ont marqué juste une édition, d’autres ont régalé sur plusieurs. Mais toujours est-il que dans les deux cas, ils n’ont plus jamais été vus de la même manière. Bien qu’il n’ait pas forcément eu de grandes carrières en club, ils conservent une place de choix dans le cœur du public africain. Voici 4 cas sur les dernières éditions de la CAN.
Fabrice Ondoa (Cameroun)
Déjà présent en 2015, c’est lors de l’édition suivante qu’il enchante tout le monde. Quand on dit CAN 2017, on pense au sacre du Cameroun avec le but extraordinaire de Vincent Aboubakar en finale. Cameroun 2017, c’était Aboubakar, Bassogog, mais c’était surtout Fabrice Ondoa. Sans lui, les lions indomptables ne passeraient peut-être même pas les poules. Fait plutôt cocasse, Ondoa n’était pas encore vraiment joueur pro à cette époque vu qu’il était passé jusque-là que par les équipes réserves du Barça et de Séville.
Si on doit retenir une image de sa compétition, c’est le tir au but de Sadio Mané qu’il arrête en quart de finale. Après le sacre, sa situation chaotique en club et l’émergence de son cousin, un certain André Onana lui font perdre sa place de titulaire. Place qu’il a pu reprendre durant cette CAN. L’occasion pour le gardien du Nîmes Olympique de rappeler les souvenirs de 2017. Lorsqu’il faut évoquer les raisons pour lesquelles il n’a pas eu une carrière à la hauteur de son talent, on évoque souvent sa taille modeste pour un gardien de but (1m85). Comme par exemple le malien Djigui Diarra, le Camerounais fait aussi partie de ses gardiens à fort potentiel qui ont souffert de cette révolution. Aujourd’hui, il faut mesurer au minimum 1m90 pour espérer jouer au très haut niveau.
Saliou Ciss (Sénégal)
Il est peut-être l’exemple parfait en foot de ceux qu’on appelle les “One hit wonder”. Ces joueurs qui sont étincelants sur une courte période puis…plus rien. Un autre exemple, on peut parler du portugais Eder, dont on a presque plus entendu parler après son but victorieux en finale de l’Euro 2016. Saliou Ciss en 2022, évolue en Ligue 2 avec Nancy, latéral un peu quelconque. Le Sénégalais est convoqué quelques fois avec le Sénégal mais sans surprise, n’est pas un cadre de l’effectif. Mais face au manque de latéral gauche compétitif en l’absence de Youssouf Sabaly, Saliou Ciss se retrouve à être l’arrière gauche titulaire des Lions de la Teranga pour la CAN 2021.
Contre toute attente, Saliou Ciss, loin d’être intimidé par le fait de se retrouver au milieu des stars comme Mané, Koulibaly et Mendy, est comme un poisson dans l’eau. Le joueur de Nancy est pour beaucoup le meilleur latéral gauche de la compétition. Son entente avec Sadio Mané sur le côté gauche fait des ravages. Il est notamment passeur décisif en quart face à la Guinée Equatoriale et provoque un pénalty en finale. Saliou Ciss est donc un des artisans de la conquête du Sénégal. Malheureusement après la CAN, Nancy est relégué en National à la fin de la saison. Pire, Saliou Ciss, en fin de contrat, se retrouve sans club. Ce qui va le priver du mondial fin 2022. Aujourd’hui à 34 ans, il est complètement tombé dans l’oubli.
Christian Atsu (Ghana)
Le Ghana des années 2010, c’est Asamoah Gyan, les frères Ayew. Mais au milieu de ce beau monde, un nom, moins cliquant certes, a aussi été très marquant sur cette décennie. Il s’agit du regretté Christian Atsu. Entre 2015 et 2019, il a été un cadre, un élément clé en attaque. Le Ghana sur cette période, c’est finaliste de la CAN 2015, demi-finaliste de la CAN 2017 avant l’élimination prématurée en huitième en 2019. Mais le chef-d’œuvre d’Atsu, c’est pendant l’édition 2015. Si André Ayew finit meilleur buteur de cette CAN, c’est Christian Atsu qui est élu MVP de la compétition. Il marque notamment un but exceptionnel en quart face à la Guinée. Il aurait pu être le héros de la finale face à la Côte D’Ivoire si sa frappe à la 24e minute n’avait pas touché le poteau. Il est malgré la défaite désigné homme du match en finale.
Il est toujours à un bon niveau sur les autres CAN mais 2015 reste son Prime. En club, les clubs notables dans lesquels il a évolué sont le Vitesse Arnhem, Everton et surtout Newcastle. Il a signé à Chelsea au début de sa carrière sans cependant y jouer. On aurait pu imaginer le voir jouer une nouvelle Coupe d’Afrique des Nations. Malheureusement, le numéro 7 des Blacks Stars nous a quitté l’année dernière, victime du séisme qui a frappé la Turquie en février 2023.
Jonathan Pitroipa (Burkina Faso)
Quand on parle de l’équipe du Burkina Faso entre 2013 et 2017, plusieurs noms marquants viennent en tête. Certains ayant le profil pour figurer dans cette liste. Le gaucher avec une lourde frappe, Alain Traoré (le frère aîné de Bertrand), beaucoup miné par les blessures, l’ailier virevoltant Préjuce Nakoulma ou encore l’attaquant aux cheveux peroxydés, Aristide Bancé. Mais si on ne devait en retenir qu’un, ce serait Jonathan Pitroipa. Le milieu offensif qui pouvait aussi jouer sur un côté en attaque a éclaboussé l’édition 2013 de la CAN avec son talent. Il a su porter les étalons après la blessure d’Alain Traoré en poules. Il délivre notamment les siens en quart face au Togo, en marquant le but de la victoire en prolongation. Finaliste malheureux face au Nigéria, le Burkina Faso a tout de même gagné le cœur du public. Jonathan Pitroipa est élu meilleur joueur de la compétition.
En club, l’étalon a joué en Allemagne au début de sa carrière. Mais sa meilleure période coïncide avec son arrivée en France, au Stade Rennais. Comme plusieurs de ses copains en sélection à cette époque, il n’a pas beaucoup de références au très haut niveau. Mais lui et l’ensemble de cette génération aura inspiré celle actuelle qui a atteint de nouveau le dernier carré lors de la dernière CAN. Une troisième demi-finale en 5 éditions depuis 2013.
On pense aussi à d’autres joueurs comme Adolph Teikeu et Michael Ngadeu en 2017 avec le Cameroun qui forme une charnière centrale inédite. Évoluant respectivement à Sochaux et au Slavia Prague, ils ont pris la place de Nicolas Nkoulou et Joël Matip, des noms bien plus clinquants. Une pensée aussi pour Christian Bassogog ou encore Emmanuel Emenike, meilleur buteur de la CAN 2013.