Le monde du football est une source infinie de souvenirs, un vaste recueil où chaque page révèle des émotions uniques. Notre exploration récente nous a transportés à travers l’histoire captivante de l’Angola. Aujourd’hui, nous nous tournons vers une autre destination, celle du Cap-Vert. Jadis dans l’ombre, ce petit pays de 600.000 habitants est désormais une force redoutable. Toujours présentés comme outsiders, les requins bleus sèment l’agitation à chaque édition de la CAN en Afrique. Pour ce nouvel épisode du Conte de CAN, retour sur le début de l’ascension, il y a un peu plus de dix ans.
14e sélection africaine au classement FIFA, le Cap – Vert ne se figure plus comme la nation qu’on distingue à peine. Il n’est plus cette nation qu’on regarde sans prêter attention. Plus personne n’est heureux à l’idée d’affronter les Requins Bleus. Il y a deux ans, dans une interview accordée à BBC, Pedro Leitao Brito alias “Bubista” déclarait : “nous serons dans de meilleures conditions pour concourir plus vigoureusement à la CAN et finir vainqueurs”. Sauf que le Cap-Vert n’a jamais semblé être dans de mauvaises conditions.
2013, l’exploit d’un sans-grade
Il n’a peut-être pas tort. Le football et le Cap-Vert, ce fût une longue traversée du désert dans les années 2000. Mais depuis l’ère Antunes en 2013, cette petite équipe discrète et sans référence à muri. Le comble, à chaque fois qu’elle se présente à la CAN, c’est comme si elle n’était jamais partie. Par le biais du football, les joueurs faisaient honneur à la devise du pays : Unité – Travail – Progrès. Ils ne sont plus inoffensifs. Il fallait mettre la puce à l’oreille aux Camerounais, première victime de l’ascension capverdienne. Avant la qualification pour la CAN 2013, les Requins Bleus s’étaient trouvé un surnom en sortant le Cameroun en éliminatoire et un nom à la CAN. C’était leur première participation à la joute continentale en Afrique du Sud. A l’époque, le championnat du pays n’était pas assez compétitif pour constituer un groupe solide.
Mais après une politique de ciblage des joueurs de la diaspora, l’expérience des joueurs basés à l’étranger et la jeunesse, le sélection Capverdienne a fière allure, prête pour la bataille. Et puis, c’est le coup KO. Cet État insulaire qui abrite un demi-millions d’habitants est parvenu à se glisser parmi les huit meilleures nations du continent. Un sélectionneur contrôleur aérien de formation, un buteur surnommé Platini et un joueur-vedette qui n’était qu’un simple remplaçant à Lille : un cocktail improbable qui a permis aux insulaires de réaliser un exploit incroyable. Ils l’ont réussi en damant le pion à une nation comme le Maroc pour terminer 2e du groupe A derrière l’organisateur sud-africain au terme d’une partie à suspense contre l’Angola (2-1). En quart de finale, c’est face au Ghana que le Cap-Vert voit son parcours triomphal s’arrêter avec un doublé de Wakaso. S’en est suivi alors une longue déception.
Le retour en enfer
Le Cap-Vert vient de se révéler au grand public. Face à cette vague d’admiration et d’applaudissement, il ne fallait pas plus pour toucher leur orgueil encore plus. Et sans une erreur administrative qui les a disqualifié, ils auraient pu disputer la Coupe du Monde 2014. Au milieu de cette déception, Ryan Mendes et ses coéquipiers sont repartis de l’avant remportant haut les mains un groupe avec la Zambie, le Mozambique et le Niger en éliminatoire de la CAN 2015. Premier qualifié pour cette CAN, la deuxième de son histoire, le Cap – Vert continue à jouer les trouble-fêtes. Et dans son rang, il y avait ce magicien, Odair Fortes. Ultra rapide, il fait des déboulés et marque des buts quand il ne fait pas exprès. Techniquement, en termes de vivacité et en termes de différence, lui, Ryan Mendes et bien d’autres joueurs montrent que le Cap Vert a aussi un potentiel offensif. Malheureusement, ils vont se faire désillusionner en phase de poules avec trois points engrangés et zéro victoire à la clé à la CAN 2015 remportée par la Côte d’Ivoire. Mais ils restent invaincu cumulant trois matchs nuls : 0-0 face à la Zambie, 0-0 contre la RDC et 1-1 face à la Tunisie. Par la suite, les Requins Bleus vont manquer manquer la CAN 2017 et 2019 avant de signer un come back rebondissant.
Sur la continuité
“Nous devons continuer à nous améliorer dans la compétition”, ce sont les mots de Bubista, sélectionneur du Cap-Vert. Et cette amélioration traduit un ticket pour le carré d’as ou pourquoi pas le graal. Et c’est cette réussite qu’attendaient les 602 088 habitants capverdiens en terre ivoirienne face à l’Afrique du Sud. Mais, hélas ! Sachant qu’ils ont échoué dans cette quête en 2022 en huitième de finale face au Sénégal, futur vainqueur, ils ne perdent pas de vue leur objectif. Plus aguerris, les hommes de Bubista ont fait bonne impression en éliminatoire de la CAN 2023. Et au passage, une victoire nette et sans bavure face à l’un des derniers demi-finalistes de la CAN, Burkina Faso.
Un soir de Juin 2023, lors de la cinquième et avant dernière journée des éliminatoires, le Cap-Vert a scellé sa présence en Côte d’Ivoire. Et si par le passé, ça l’a été, la présence des Requins Bleus à la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations est tout sauf une surprise. Impressionnant encore, ils réalisent un parcours exceptionnel en phase de poules et se hissent en quart de finale, le deuxième meilleur résultat sous la tutelle de Bubista. Lui qui était présent depuis la première CAN des Requins Bleus en 2013 en tant qu’adjoint et plusieurs joueurs dont Ryan Mendes. Malheureusement, ils se font éliminé une nouvelle fois à ce stade aux tirs au but par les Bafana Bafana. Le Cap-Vert sort sans subir de défaite, enregistrant trois victoires et deux matchs nuls. Cette équipe dégage une véritable identité qui a su captiver l’attention non seulement en Afrique, mais également au-delà du continent.
Participer activement à l’assistance de ceux qui nous entourent, tout en cultivant la persévérance constitue déjà une manifestation de victoire : voilà qui résume l’esprit d’équipe Capverdien. C’est un état d’esprit où le talent et la fierté de représenter le pays prévalent sur tout. Hier méconnue, aujourd’hui une nation redoutée.